
Véritable épreuve que la kinésiologie permet aujourd’hui de traverser, le deuil est une expérience profondément humaine, universelle et pourtant singulière. Il surgit à chaque fois qu’une perte vient bouleverser notre existence : la disparition d’un être cher, la fin d’un lien important, la rupture d’un projet de vie, ou toute forme de renoncement significatif. Si cette épreuve est inévitable, elle n’en demeure pas moins bouleversante, tant sur le plan émotionnel que physique, psychique ou existentiel. Mais le deuil n’est pas seulement douleur : il est aussi un processus d’adaptation, de transformation, parfois même d’éveil à soi.
Au fil de l’histoire, les sociétés humaines ont toujours cherché à donner un sens à la mort et à entourer les vivants de repères pour traverser la perte. Aujourd’hui, dans un monde qui tend à effacer la mort de l’espace social, nombreux sont ceux qui traversent le deuil dans la solitude ou l’incompréhension. Le rôle de l’accompagnement devient alors essentiel. La kinésiologie, en tant qu’approche globale, respectueuse du rythme de chacun, offre un soutien précieux dans ce cheminement intérieur. En aidant à libérer les blocages émotionnels, à rétablir l’équilibre énergétique et à réinsuffler du sens, elle permet de traverser cette période avec plus de douceur, de clarté et de présence à soi.
Je vous propose ici une exploration complète du deuil, depuis son inscription dans notre histoire collective jusqu’à son impact intime et individuel[1]. Vous verrez comment la kinésiologie peut, à chaque étape, devenir une ressource bienveillante pour accompagner cette traversée. Mon intention, en tant que kinésiologue installé en Alsace, dans le Haut-Rhin, est de vous offrir des clés de compréhension et de soutien pour que cette épreuve, si douloureuse soit-elle, puisse devenir un chemin d’apaisement, de reconnexion et de vie.

Évolutions et perceptions du deuil de nos ancêtres à nos jours
Depuis les origines de l’humanité, le deuil a toujours été accompagné de rites, de symboles et de pratiques visant à honorer les morts et à aider les vivants à traverser l’absence. Dans les sociétés traditionnelles, la mort faisait pleinement partie du cycle naturel de la vie. Elle était souvent ritualisée par des funérailles communautaires, des veillées, des offrandes, des chants ou des prières, qui permettaient aux endeuillés de partager leur peine, de rendre hommage au défunt et de recréer un lien symbolique avec l’au-delà. Ces pratiques avaient un rôle psychique essentiel : elles donnaient un cadre à la douleur et une forme à l’invisible.
Au fil des siècles, notamment durant le Moyen Âge et la Renaissance, le rapport à la mort s’est profondément teinté de spiritualité chrétienne. La perte était perçue comme une épreuve divine, un passage vers un au-delà plus ou moins redouté selon les croyances. Les rituels religieux structuraient le deuil, mais celui-ci restait largement intégré à la vie quotidienne. Les morts étaient veillés au domicile, enterrés près des églises, et la mémoire des défunts se maintenait vivante à travers la prière et la tradition orale.
Ce n’est qu’à partir du XIXe siècle, avec l’émergence de la médecine moderne et de la psychanalyse, que le deuil commence à être pensé comme un phénomène psychique individuel. La mort s’éloigne progressivement du foyer pour être prise en charge dans les hôpitaux. Les rituels s’effacent au profit d’une gestion plus discrète, voire silencieuse, de la perte. Dans ce contexte, le deuil devient une affaire intime, parfois solitaire, à laquelle chacun doit faire face avec ses propres ressources. La parole remplace le rituel, et la souffrance liée à la perte tend à être psychologisée, médicalisée ou pathologisée.
Cette évolution, bien qu’elle ait ouvert la voie à une compréhension plus fine des mécanismes intérieurs du deuil, a aussi conduit à une certaine invisibilisation de cette expérience universelle. Le lien social et symbolique au défunt s’est affaibli, et la dimension collective du deuil s’est estompée. Aujourd’hui, redonner du sens à cette traversée intérieure implique de se reconnecter à ces héritages anciens, tout en les adaptant à nos besoins contemporains.
Le rapport à la mort dans nos sociétés contemporaines occidentales
Disparition du rituel et médicalisation
Aujourd’hui, la plupart des décès surviennent en milieu hospitalier, dans un contexte impersonnel et souvent aseptisé. Cette médicalisation de la fin de vie, si elle garantit un encadrement technique, éloigne les mourants de leur environnement familier et prive les familles d’un temps de présence partagée essentiel à la préparation du départ. Autrefois, la mort survenait généralement au sein du foyer, entourée par les proches, ce qui permettait l’expression naturelle de la tristesse, du chagrin et des derniers adieux. En parallèle, les rites collectifs, jadis puissants vecteurs de sens et de soutien, se sont progressivement réduits à la stricte formalité légale : déclaration en mairie, transport du corps vers la morgue, organisation d’obsèques souvent standardisées, sans implication émotionnelle réelle. Cette simplification administrative laisse un vide émotionnel et symbolique. Les familles, souvent désorientées et en manque de repères culturels ou spirituels, se retrouvent seules face à la perte. Elles peinent à trouver des espaces pour exprimer leur douleur et à inscrire cette perte dans une trame communautaire qui puisse les soutenir. Ce manque de rituels structurants contribue à une forme de déni social de la mort et fragilise les processus de deuil, en privant les endeuillés de moments clés pour reconnaître, honorer et symboliser la séparation.
Tabou et anxiété de la mort
Dans nos sociétés contemporaines occidentales, parler de la mort reste un exercice délicat, presque proscrit. Au sein même des familles ou entre amis, la peur de blesser ceux qui sont en souffrance entraîne un silence pesant, comme si la mort était une réalité honteuse ou impolie à évoquer. Les médias, quant à eux, relaient souvent cette atmosphère anxiogène en présentant la mort sous un prisme spectaculaire, médical ou judiciaire, où le défunt devient rarement un sujet à part entière, mais plutôt la victime d’un fait divers ou d’un incident. Ce manque de parole et de partage transforme la mort en un tabou collectif qui aliène toute forme de sérénité face à l’inévitable. Privés de repères, de plus en plus de personnes vivent la perte dans l’isolement et éprouvent une anxiété diffuse, parfois anticipatrice, face à leur propre fin ou à celle de leurs proches. Ce refus du dialogue empêche de mettre des mots sur les émotions, renforce l’incompréhension et freine l’accès à un accompagnement adapté, laissant de nombreux endeuillés sans soutien réel.
Essor des rituels alternatifs
Face à cette absence de rites traditionnels, de nombreuses initiatives voient le jour pour donner forme à un langage symbolique débarrassé des cadres religieux classiques. Les cercles de parole se multipliant offrent ainsi un espace intime où chacun peut exprimer son chagrin, déposer son fardeau émotionnel et recevoir l’écoute attentive d’un groupe bienveillant. Parallèlement, la montée en puissance des cérémonies laïques, personnalisées selon l’histoire et les convictions de la personne décédée, permet de rendre un hommage unique, mêlant musique, souvenirs narrés et gestes symboliques choisis ensemble. Enfin, l’apparition de rituels écologiques, où le corps du défunt est réintroduit à la Terre sous forme de compost ou de plantation d’arbre, répond à un désir croissant de sens et de respect de la nature. Ces nouveaux rituels se caractérisent par leur adaptabilité et leur dimension participative, invitant chaque membre de la communauté à devenir acteur du processus de deuil et à retrouver, à travers le symbolique, un apaisement qui manquait dans les rites modernisés standardisés.
Le processus de deuil
Les étapes du deuil
Élisabeth Kübler-Ross, en 1976, a proposé un modèle devenu emblématique dans la compréhension du processus de deuil. Elle y distingue cinq étapes qui, bien qu’elles ne soient pas nécessairement vécues dans un ordre rigide ou unique, permettent de mieux appréhender les états émotionnels traversés par les personnes endeuillées. La première de ces phases est celle du déni, un mécanisme de défense initial qui empêche la personne de croire à la réalité de la perte. Elle agit comme un filtre temporaire, protégeant le psychisme du choc brutal de la disparition. Lorsque ce voile commence à se lever, surgit souvent la colère, une émotion vive et parfois déroutante, dirigée contre soi-même, les autres ou la vie elle-même. Elle traduit l’injustice ressentie face à cette séparation imposée. Vient ensuite le marchandage, étape marquée par des pensées conditionnelles telles que « si seulement j’avais… » ou « peut-être que si… », dans une tentative inconsciente de négocier un retour à l’état antérieur. La quatrième phase est celle de la dépression, où l’individu prend pleinement conscience de la perte et laisse place à une tristesse profonde, un repli sur soi et une fatigue émotionnelle. Enfin, l’acceptation se manifeste lorsque la personne parvient à intégrer la réalité de l’absence dans sa vie, sans pour autant effacer la douleur ou les souvenirs. Elle marque un tournant vers une forme d’apaisement et de réinvestissement de l’énergie dans d’autres sphères de l’existence. Il est fondamental de comprendre que ces étapes ne sont pas linéaires : elles peuvent se chevaucher, apparaître dans un ordre différent ou ressurgir à des moments inattendus, chaque deuil étant unique dans sa temporalité et sa sensibilité.
Faire son deuil
Christophe Fauré, dans son ouvrage Vivre le deuil au jour le jour, souligne que faire son deuil ne signifie pas oublier la personne disparue, ni tirer un trait sur la relation que l’on entretenait avec elle. Il s’agit plutôt d’un processus intérieur au cours duquel l’individu apprend à composer avec l’absence, à réorganiser sa vie autour d’un vide devenu réel, tout en préservant la mémoire, le lien symbolique et affectif, et parfois même la continuité d’une présence intérieure. Ce cheminement est profondément personnel, unique à chacun, et ne se laisse pas enfermer dans un calendrier ni dans une norme. Il engage toute la personne dans ses différentes dimensions — émotionnelle, psychique, corporelle, sociale et existentielle — et demande une forme de disponibilité, de courage, mais aussi de patience envers soi-même.
La première étape de ce processus consiste à reconnaître pleinement la réalité de la perte. Cela dépasse largement la seule compréhension intellectuelle : c’est le cœur, le corps, les gestes du quotidien qui doivent, chacun à leur rythme, intégrer cette nouvelle réalité. Il faut souvent du temps pour que le manque s’imprime, que l’absence cesse d’être un simple mot et devienne une expérience concrète, parfois brutale, du monde tel qu’il est désormais. Cette reconnaissance peut être entravée par le choc, par un environnement dans lequel l’expression de la douleur n’est pas permise, ou encore par des obligations sociales qui forcent à reprendre rapidement le cours des choses. Pourtant, sans cette intégration profonde de la perte, le deuil reste suspendu, comme figé dans un entre-deux douloureux.
À mesure que cette réalité s’impose, l’endeuillé est confronté à une palette d’émotions parfois bouleversantes. Tristesse, colère, peur, culpabilité, voire soulagement peuvent émerger, coexister ou se succéder sans logique apparente. Ce tourbillon émotionnel est non seulement normal, mais nécessaire. Ces états d’âme ne sont pas des obstacles au processus de deuil ; ils en sont la matière même. Les émotions ont besoin d’être vécues, ressenties, exprimées dans un cadre suffisamment sécurisé pour qu’elles puissent se transformer. Lorsque cette expression est entravée, qu’elle soit réprimée par la personne elle-même ou empêchée par l’environnement, le deuil peut se cristalliser dans le corps, dans l’esprit ou dans le comportement. Il s’ensuit parfois une souffrance chronique, des symptômes physiques ou psychiques, ou une difficulté à se relier de nouveau aux autres et à la vie.
Faire son deuil, c’est aussi, peu à peu, retrouver une forme d’élan. Ce n’est pas « tourner la page » comme on le dit souvent, mais plutôt se réapproprier son existence à la lumière de ce qui a été perdu. Cela implique de reconstruire un quotidien qui inclut l’absence, non comme un vide béant mais comme une présence autrement inscrite. C’est réinvestir son énergie dans de nouveaux projets, retrouver du plaisir dans ce qui auparavant semblait fade, renouer avec ses désirs, reprendre place dans le tissu relationnel et social, sans pour autant renier la douleur vécue. Ce mouvement vers la vie se fait parfois timidement, parfois par à-coups, et toujours avec une forme de vulnérabilité.
Lorsque ce processus naturel de deuil est empêché, volontairement ou non, il peut en résulter une détresse durable. Le deuil non accompli se manifeste de manière insidieuse : difficultés relationnelles, perte d’élan vital, troubles somatiques, dépression latente, repli sur soi ou anxiété persistante. Dans ces situations, un accompagnement est souvent nécessaire. Il permet d’ouvrir un espace d’écoute, de compréhension et d’expression dans lequel l’endeuillé peut renouer avec son ressenti, mettre du sens sur ce qu’il traverse, et retrouver la force de continuer son chemin. La kinésiologie, comme d’autres approches, peut jouer ici un rôle précieux, en soutenant la libération émotionnelle, la reconnexion à soi et la réharmonisation globale de l’être.
En définitive, faire son deuil ne consiste pas à oublier, à effacer ou à réparer, mais bien à transformer. C’est un acte de création intérieure, parfois lent, souvent inconfortable, mais qui ouvre, lorsque les conditions sont réunies, à une forme de maturité émotionnelle et de profondeur humaine difficilement atteignable autrement. Le deuil, lorsqu’il est accueilli et traversé, devient alors non pas une blessure qui condamne, mais une empreinte qui transforme.
Le deuil animal
Le deuil animal est une douleur souvent méconnue, tue ou minimisée, alors même qu’elle touche profondément de nombreuses personnes. Lorsqu’un animal de compagnie décède, c’est tout un pan du quotidien, une relation unique, faite de présence silencieuse, de gestes familiers et d’amour inconditionnel, qui s’effondre. Pour beaucoup, ces compagnons à quatre pattes ne sont pas de simples animaux, mais de véritables membres de la famille. Que ce soit un chien, un chat, un lapin, un cheval ou autre, il n’y a pas de hiérarchie dans les sentiments que l’on peut ressentir à l’égard de nos compagnons. Leur disparition laisse un vide tangible, une absence sensible dans chaque recoin de la maison, dans les habitudes, dans les regards. Je me souviens à quel point le décès de notre chat Pirate, parti en 2023 à seulement 4 ans des suites d’une maladie, nous a affecté. Ce magnifique lien que nous avons eu avec lui a rendu son absence extrêmement difficile. Il a fallu faire son deuil, mais cela à pris du temps. Dans cette épreuve, nous avions eu « la chance », mon épouse et moi, de pouvoir l’accompagner jusqu’à son dernier souffle chez le vétérinaire. On voyait dans son regard qu’il comprenait et qu’il était prêt. Nous non. Il y a des moments qui resterons gravés à jamais, comme suspendus hors du temps. Et un long travail de deuil qui commence.
Pourtant, cette perte n’est que rarement reconnue à sa juste mesure par la société. Il n’existe pas ou peu de rites publics pour accompagner ce deuil, et les personnes endeuillées se heurtent fréquemment à l’incompréhension, à la gêne ou aux remarques désobligeantes de leur entourage, qui ne perçoit pas toujours la profondeur du lien qui unissait l’humain à son animal.
Cette absence de reconnaissance sociale rend le travail de deuil encore plus difficile. Nombreuses sont les personnes qui, par crainte du jugement ou de la moquerie, taisent leur peine ou s’interdisent de pleurer. Pourtant, comme le souligne Laila Del Monte dans ses travaux sur la communication animale, les animaux possèdent une vie intérieure riche, une capacité d’amour et de présence qui transcende les mots. Leur départ peut réactiver des blessures anciennes, réveiller un sentiment d’abandon ou de solitude profonde. Honorer ce deuil, lui donner sa place, prendre le temps de dire au revoir, de se souvenir, de remercier l’animal pour ce qu’il a apporté, est essentiel pour permettre au cœur de cicatriser. La kinésiologie peut ici jouer un rôle fondamental, en aidant la personne à accueillir ses émotions, à libérer les tensions liées à la culpabilité ou à l’impuissance, et à restaurer l’équilibre intérieur mis à mal. Ce type d’accompagnement permet aussi de rétablir une paix intérieure, d’intégrer la perte dans un processus de transformation, en reconnaissant pleinement le lien unique qui a été vécu, et en acceptant qu’il continue autrement.
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Le deuil symbolique
Il existe des pertes qui ne se voient pas, mais qui résonnent profondément dans l’âme : ce sont les deuils symboliques. Contrairement au deuil lié à la mort d’un être vivant, ces pertes ne concernent pas la disparition d’un corps, mais la fin d’une réalité intérieurement investie : une relation amoureuse qui s’achève, un rêve qui ne se réalise pas, une identité professionnelle abandonnée, une amitié trahie, une maison quittée, une croyance que l’on doit laisser derrière soi. Ces deuils sont d’autant plus difficiles à traverser qu’ils sont rarement reconnus par l’entourage. La souffrance qu’ils engendrent est souvent minimisée, voire niée, alors même qu’ils peuvent bouleverser en profondeur l’équilibre psychique et émotionnel de la personne concernée.
Le deuil symbolique peut mettre en crise les repères intimes, ébranler la confiance en soi, faire émerger un sentiment d’échec ou d’incompréhension face à la perte d’un projet ou d’un avenir que l’on pensait certain. Il s’agit là d’un processus complexe, car il invite à faire le deuil non seulement de ce qui a été, mais aussi de ce qui aurait pu être. Il engage une double perte : celle du présent et celle de l’avenir imaginé. Ce type de deuil, bien que silencieux et sans cérémonial, peut être l’un des plus profonds, car il touche à l’identité, à la projection de soi dans le monde, à l’image que l’on avait de sa propre vie.
La kinésiologie offre ici un espace d’écoute subtil et non-jugeant, dans lequel la personne peut poser des mots sur ce qui a été perdu, même si cela semble intangible. Par le biais du test musculaire et du dialogue corporel, il devient possible de libérer les émotions enkystées, d’éclairer les croyances qui freinent l’acceptation de la réalité, et de soutenir la reconstruction d’un soi plus ajusté à la nouvelle situation. Le deuil symbolique ne peut se résoudre que lorsqu’il est pleinement reconnu. C’est en lui accordant cette légitimité qu’il devient possible de le traverser avec dignité, conscience et ouverture à de nouveaux possibles.
L’impact sur la personne d’un deuil qui n’a pas été fait
Lorsqu’un deuil n’a pas pu être pleinement vécu, que ce soit par manque de temps, de soutien ou de conscience, il ne disparaît pas. Il s’imprime silencieusement dans le corps, dans le psychisme, dans les comportements. Un deuil non accompli devient comme une note discordante dans l’harmonie intérieure de la personne. Il peut se manifester sous forme de symptômes flous, d’un mal-être diffus, d’un sentiment de lourdeur, d’une difficulté à s’engager dans l’avenir. Parfois, il ressurgit des années plus tard, à l’occasion d’un événement anodin, d’un souvenir ou d’une nouvelle perte qui agit comme un déclencheur. Ce deuil resté en suspens agit comme une charge émotionnelle non digérée, qui prend racine dans les profondeurs de la mémoire corporelle.
Les conséquences peuvent être multiples : troubles du sommeil, tensions musculaires, fatigue chronique, comportements d’évitement, anxiété, irritabilité ou apathie. La personne peut aussi développer une hypersensibilité, ou au contraire, une forme d’anesthésie émotionnelle, comme si toute possibilité d’émotion devenait dangereuse. Sur le plan relationnel, cela peut engendrer des difficultés à nouer des liens, à faire confiance, ou à s’engager pleinement dans de nouveaux projets de vie. Le deuil inachevé fige une partie de l’élan vital, enferme dans une temporalité passée et empêche l’ouverture à ce qui vient.
Je me souviens de cette dame dans la soixantaine qui était venu dans mon cabinet pour plusieurs problèmes de santé. Lors de l’anamnèse en début de séance, elle m’indiquait souffrir depuis plusieurs années de troubles intestinaux, d’insomnies et de douleurs au genou. Après une longue période d’errance médicale qui n’a pas permis d’améliorer son état, elle est donc arrivée chez moi pour travailler en priorité sur ses problèmes intestinaux. Le test musculaire m’oriente vers plusieurs protocoles de rééquilibration énergétique et émotionnel en lien avec la problématique. Vers la fin de la séance, le test m’indique que le corps a besoin d’un dernier protocole. Je trouve un déséquilibre en lien avec la mère et je lui pose la question pour savoir quelle relation elle entretenait avec sa maman aujourd’hui décédée. Elle éclate en sanglots. Ce sujet n’avait pas du tout été mentionné par la personne en début de séance et pourtant tout reste inscrit dans le corps. Nous avons travaillé sur le deuil et libérer les tensions qui étaient visiblement en lien avec son état de santé.
Le travail thérapeutique, et en particulier la kinésiologie, permet de revisiter ce deuil non fait dans un cadre sécurisé. En accédant aux mémoires corporelles, il devient possible d’identifier l’origine du blocage, de nommer ce qui a été tu, de libérer les émotions refoulées et de restaurer un sentiment de complétude intérieure. Cette démarche n’efface pas la douleur, mais elle permet de l’intégrer, de lui donner un sens, et d’ouvrir un chemin vers la résilience. Accomplir un deuil inachevé, même des années plus tard, c’est rendre à l’histoire personnelle sa cohérence, et à l’individu sa capacité à choisir pleinement sa vie.
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Le rôle de la kinésiologie dans l’accompagnement du deuil
La kinésiologie est un outil précieux dans l’accompagnement du deuil, car elle permet d’aborder la souffrance sous un angle global, respectueux de la personne dans sa dimension physique, émotionnelle, mentale et énergétique. En dialoguant directement avec le corps à travers le test musculaire, elle offre un accès unique aux mémoires enfouies, aux émotions non exprimées et aux déséquilibres énergétiques causés par la perte. Ce travail subtil permet de lever les blocages qui empêchent le processus naturel de deuil de se dérouler, tout en respectant le rythme propre à chacun.
Dans le cadre du deuil, la kinésiologie n’apporte pas de réponse toute faite, mais elle aide à retrouver en soi les ressources nécessaires pour traverser l’épreuve. Elle permet d’identifier les freins inconscients, comme la culpabilité, les loyautés familiales invisibles, les croyances limitantes ou les traumatismes associés à la perte. Elle facilite également l’expression des émotions figées, favorise la régulation du système nerveux et soutient la réorganisation intérieure après un bouleversement profond.
Chaque séance est un espace d’écoute bienveillante, dans lequel le corps prend la parole pour dire ce que les mots n’ont pas pu formuler. En cela, la kinésiologie ne remplace ni les rituels, ni le temps, ni les autres formes d’accompagnement thérapeutique, mais elle agit comme un catalyseur puissant de libération et de transformation. Elle aide à restaurer le lien à soi, à redonner du sens à ce qui a été vécu, et à accompagner le passage de la douleur à la sérénité. Traverser le deuil avec l’aide de la kinésiologie, c’est offrir à son corps et à son âme un espace d’humanité profonde, où chaque émotion a le droit d’exister, et où chaque étape du chemin est honorée avec respect.
Traverser le deuil est donc une expérience profondément humaine, universelle et pourtant singulière. Aucun chemin ne ressemble à un autre, et nul ne peut prétendre dicter à quelqu’un la manière dont il devrait pleurer, se souvenir, lâcher prise ou renaître. Chaque perte est une déchirure intime, mais aussi une invitation, discrète et souvent douloureuse, à revenir au cœur de soi. Le deuil, malgré ses ombres, porte en lui une puissance de transformation silencieuse. Il nous confronte à l’essentiel, nous dépouille du superflu, nous ramène à notre vulnérabilité, mais aussi à notre capacité à aimer, à honorer, à reconstruire.
Dans ce processus complexe, où se mêlent l’absence et la présence, le passé et le devenir, la kinésiologie offre un accompagnement respectueux, subtil et profondément humain. Elle ne cherche pas à forcer, ni à accélérer, mais à écouter, à accueillir, à soutenir. Par son approche corporelle, énergétique et émotionnelle, elle permet de libérer ce qui encombre, d’alléger ce qui pèse, et de retrouver en soi les ressources parfois oubliées. Elle ne prétend pas effacer la douleur, mais elle contribue à lui donner un sens, une place, une voie d’apaisement.
Accepter d’être accompagné dans le deuil, c’est poser un acte d’amour envers soi. C’est reconnaître que l’on mérite d’être soutenu dans les moments de fragilité, que le chagrin n’est pas une faiblesse, mais une expression de la profondeur de notre humanité. C’est aussi se donner la possibilité de faire de cette épreuve un moment de croissance, d’ouverture, de réconciliation avec la vie.
En tant que kinésiologue installé en Alsace, dans le Haut-Rhin, j’ai la conviction que chaque être mérite d’être entendu dans sa peine, honoré dans son cheminement, et accompagné avec douceur dans son passage intérieur. Le deuil n’est pas une maladie à guérir, mais un processus à vivre pleinement, dans toute sa vérité, sa beauté cachée et sa promesse de renouveau.
À propos de Vincent Lichtlé : Kinésiologue certifié, Vincent Lichtlé vous aide à traverser l’épreuve du deuil par la kinésiologie. Pour prendre un rendez-vous en cabinet à Colmar ou Ostheim, vous pouvez utiliser le formulaire à cette page ou téléphoner directement au 06 81 42 05 49.
[1] Ce texte s’appuie notamment sur les travaux d’Élisabeth Kübler-Ross (La mort est un nouveau soleil), de Christophe Faure (Vivre le deuil au jour le jour) et de Laila Del Monte (Les animaux… Leur chemin vers l’autre monde).